Super Stoned  (Norscq and Black Sifichi depuis 1976)

par Marc-Henri Lamande

étrange mayonnaise qui se sert d’ingrédients morts et qui, curieusement,
donne vie aux produits et à la consomme.
C’est une vie qui survit, qui survient musicalement. Elle casse tout très subtilement,
fait d’un débris le prochain, d’un tube écrasé la prochaine joie.
Aucune agressivité pour séduire, seul le grand désir de passer au
travers des formes consenties et des gens accroupis, passer au travers
des dogmes et des phrases menties, c’est une chorale de « samples » qui rit
avec tout et nous ramène dans le confort d’une jeunesse imputrescible.
Ensuite ce que ça dit, c’est « ils ont pris nos rêves pour les plastifier,
mortifier nos familles, réduit le paysage, augmenter notre consommation
pour nous entraîner à leur mort » ça dit aussi  » le seul danger c’est ton abandon,
ta tristesse et ta déception », ça donne envie de faire la fête et de faire
l’amour simplement avec les yeux et les jambes, ça donne l’eau dans les yeux
et dans le sourire, ça donne envie de caresser celui ou celle qui est à côté,
de prendre plaisir contre les arbres et dans les herbes hautes, ça rend
animal aussi et quand on entend « cul » prononcé, on voit un vrai cul pas mental,
un beau cul ouvert simplement, comme on parle, un cul comme on parle, un cul qui
se met à articuler des approches avec ses lèvres qui ont toujours appartenu à la vie.
Alors on retrouve intérieurement la chimie naturelle du désir et on se sent con
dans la vie des magasins, des écoles et des trottoirs, des codes et des sens giratoires.
On s’en veut d’être con et on se demande si demain ça sera possible d’être sensuel sans cette musique,
est-ce qu’on sera assez vacciné pour être imperméable au désespoir extérieur?
Alors on écoute encore et on se charge de cette immense dimension qui nous appartient et nous comprend.
C’est la même qui nous a fait croitre ces quarante dernières années : la liberté sensuelle!

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